Rétro Lampes par Alex Couenne

Il y a un bon moment que vous n’avez pas bougé du canapé, la dernière fois c’était pour voir si la pluie tombait bien sur vos salades (version jardin) ou si les rebelles étaient encore dans les rues avec leurs poussettes et leurs affaires de sport (version ville).
On dit que l’environnement sera stabilisé d’ici quelques jours, on dit que les collègues réapparaîtront mais pas sûr qu’on les reconnaisse après tout ce temps.
Vous n’êtes plus sûrs de rien, en fait. Le monde n’est-il pas envahi par une armée de zombies; et depuis quand ? Masque ou pas masque, gant ou pas gant, lubrifiant ou pas lubrifiant ? Trop de questions se bousculent dans votre tête, vous n’auriez pas dû tant cogiter, vous devriez simplement traîner sur le web ou télétravailler. Ou alors, vous pourriez nous transmettre vos idées, coups de gueule, fantasmes et projections folles à redaction@antirouille-web.fr. pour que cela soit publié sur l’Antirouille numérique du mois de mai !

Dans très bientôt le papier réapparaîtra, et l’on ne sera plus obligés d’y cocher des cases;nous on se prépare à ce retour dans le réel mais en attendant, encore un peu de virtuel pour ce numéro 61 !
édito
par Air Ephemer
A force d’user mes mains sous des produits
L’alcool la javel et le latex bouilli
A force d’éviter de croiser mes voisins
A cause de toutes les saloperies du coin

A force de respirer à travers un papier
A force de mettre un masque sur mon joli nez
A force de jeter tout ce qui n’est pas réglo
Pourtant je me gaussais avant d’être écolo
J’ai oublié de vivre


Comme le disait Johnny (texte précédent), être une rock-star ce n’est pas seulement mettre un plastique sur ses orifices, c’est aussi se demander d’où l’on vient et où l’on va après... interprétation libre de la philosophie johnnienne.

Alors, qu’est-ce que tu vas faire? Cela fera bientôt 54.5 jours, ou 1308 heures, ou 78480 minutes et on te passe les secondes que tu n’as pas le droit de sortir de chez toi. Pendant tout ce temps, tu as dû sacrément cogiter sur ce qui va changer après et ce que tu auras envie de faire. Une partouze le 11 ? Un peu prématuré. Ramasser tous les masques sur la plage ? Trop long et puis tu te feras quand même aligner pour promenade sauvage. Revoir tous les potes dont tu as pris des nouvelles par ennui ? Ça ne rentre pas dans le quotakilométrique. Continuer à prendre du bon temps, consommer local et réfléchir par toi-même ? Pas mal, et pour cela on a un bel outil: c’est l’Antirouille !

La tête allant vers

La chatte amoureuse

par Pat'Rich
La chatte amoureuse s’ennuyait, les humains l’ennuyaient aussi. Alors, elle est allée voir le canard, pour ses plumes, elle est allée voir la pieuvre, pour son encre, et comme elle était sur la plage et qu’elle avait du gros sel dans sa poche, elle est allée débusquer le solen pour s’en faire un couteau, puis elle est allée voir l’humain, pour son parchemin, enfin, lorsque la peau fut tannée, l’encre dans l’encrier et la plume taillée, mais ne sachant que dire à l’objet de son sentiment irrépressible, ne sachant comment lui exprimer par écrit son amour car elle très timide lorsqu’elle a du sentiment, elle écrivit quelques petits poèmes pour distraire son persan :
Haikour
Une vitre
Une mouche
Une chiure

Haikoscour
Une planète qui s’éteint
Un virus qui s’installe
La Terre qui renait

Haikon
Un véliplanchiste
Un flic ordinaire
135 euros

Haikourage
Un balcon qui s’ennuie
Une banderole qui s’affiche
Garde à vue

Haikouskous
Du mouton, des navets
De la semoule, des pois-chiches
Et je ne sais quoi encore

Haikoukou
Un nid et un coucou
Un œuf et une couveuse
Ah que coucou : surprise !

Dans la boîte

Dans la boîte

J'me paie ta tête

Alex Couenne - Rétro Lampes

par Megusto
Alex Couenne
Alex est un enfant du bocage, il a oscillé entre Avranches où il est né, Coutances où il a fait ses études et Granville où il a bossé chez Millet pendant près de quatorze ans. L'usinage étant devenu trop industriel à son goût, il décida de quitter le monde salarié en 2016 pour se mettre à son compte comme créateur de luminaires originaux.

À présent installé à Hudimesnil et bricoleur tous azimuts, il profite de tout son temps et de sa passion pour piocher par-ci, par-là des objets auxquels il redonne une vie lumineuse en fonction de son inspiration « Je détourne les objets pour qu'on ne les reconnaisse pas trop ».

Comment t'es venu l'idée de retaper des objets pour en faire des lampes ?
« C'est ma mère qui m'a donné l'idée : en balade à Nantes elle a trouvé une boutique où des lampes bricolées à partir de machines à coudre étaient exposées. »

« Actuellement je travaille sur un Pinocchio où il y aura une lampe à la place du cerveau, mais aussi sur un calamar/sous-marin, c'est Phylau qui m'a donné l'extincteur. »

« Ah tu connais Phylau ? Tu sais qu'on a fait un Antirouille (#52) sur ses aquarelles au café ?»
« Oui, je le connais bien Phylau, nous exposons régulièrement ensemble. »
Alex Couenne
Alex Couenne
Et pratiques-tu d'autres passions ?
« Je vends à l'occasion quelques dessins, je fais pas mal de sculpture en résine et en latex, mais pour le plaisir seulement. »

Alex a également créé le trophée des JPG 2016 : “Le bulot d'Or”. La même année, il lançait, avec notre incommensurable illustrateur Mouky, “Tronche de Résine”.

Vous pouvez rencontrer Alex et découvrir ses créations originales sur le marché de Granville tous les samedis matin. Il assure également des permanences dans la boutique de créateurs ManoA à Avranches, rue des trois rois.

En savoir plus

Quelques créations de RétroLampes seront également exposées au Spot Antirouille à partir du samedi 16 mai. Venez boire un café, discuter tout en contemplant les créations de l'artiste du mois. Spot Antirouille - 1 impasse du Marais, Cours-Jonville - 50400 Granville
Alex Couenne

Quand la moutarde monte au nez

Dans la boîte

C’est quoi cette chienlit ?

par Jihemash
Tout ceci n’aurait pas dû avoir lieu. Dans un premier temps, certaines personnes, peu douées en orthographe, sorties de recoins obscurs, et pour tout dire, à première vue des beaufs, ont refusé une augmentation des taxes sur les carburants. Et pourtant, notre intention était louable : il s’agissait de renflouer les caisses de l’État après la suppression de l’ISF, et autres gâteries, rendues aux meilleurs d’entre nous. Et on se devait bien ça.

Certes, le prétexte de l’écologie paraissait un peu gros, mais nous on s’est dit « ça passe » et, surtout, on s’en foutait complètement de l’avis de ces gens. Pour nous, pas de soucis. Alors là, surprise, une variante de prolo a lancé une pétition pour réclamer une baisse du prix du carburant, et elle a eu un franc succès. Ça tombait vraiment mal, puisqu’on savait que justement ce sont les plus pauvres qui ont les voitures les plus vieilles, donc qui consomment le plus. D’une pierre deux coups, on allait en retirer une partie de la circulation pour éclaircir les routes, et d’autre part nous assurer un revenu stable. Et alors, ces cons-là…
Ils ont commencé à communiquer entre eux sur Facebook. A s’organiser pour faire des blocages de ronds-points, des opérations péages gratuits et autres sottises. Jusque-là ça allait, ils restaient près de chez eux, loin de nos palais et ministères, donc bon, au pire, rien à foutre, deux-trois coups de CRS et puis s’en vont.

Ensuite, hélas, mais alors pourquoi ? Et comment ? Ils sont venus à Paris. Et ils nous ont fait chier, en bloquant les Champs-Élysées, en donnant une image pitoyable du pays aux investisseurs étrangers. Alors, dès leur première venue dans la capitale, on a décidé de leur expliquer sans trop de retenue qu’il fallait qu’ils retournent chez eux : une bonne plâtrée de lacrymogènes, des tirs tendus de balles qui crèvent les yeux, des grenades à la TNT. Quelques exemples d’éborgnements et de mains arrachées, ça aurait dû suffire à calmer ces ploucs.
Là, surprise : ils sont revenus. Tous les samedis ! Impossible de tirer à balles réelles, de les enfermer en trop grand nombre, ou même de censurer les réseaux sociaux, puisque les caméras du monde entier sont partout, et qu’on se vante d’être en démocratie depuis qu’on trouve ça classe. Il y a eu des plaintes pour violences policières, jets de projectiles, alors que c’est juste qu’on ne savait pas quoi faire des chouquettes de Noël dernier : ils ne les ont même pas mangées ces couillons ! Alors, on a déclaré que rien, non, il n’y avait eu aucune violence. Juste un peu de pâtisserie. Personne, nulle part, n’y croyait, mais bordel le message était clair : on se fout complètement de votre gueule, et en plus on l’assume. On a même donné des médailles aux flics les plus violents, et c’est passé à la télé ! Si ça, c’est pas un acte de bravoure, mais qu’est-ce qu’il vous faut ? Qu’on y aille nous-même ? Eh oh déconnez pas, on paie des gens pour ça, on va pas se salir. Ça coûte 13 000 € un beau costard, faudrait pas abuser.
Alors, comment vous le dire ? Que vous soyez en train de moisir dans vos trous à rat, mais on n’en a rien à branler ! Restez-y, buvez-y vos 8.6, crevez-y, mais ne le faites pas chez nous ! Vous êtes moches et pauvres, vous sentez le fauve, vous êtes une pollution. Restez de votre côté du périphérique, on ne vous demandera jamais rien de plus. C’est pourtant pas compliqué. Dans ce contexte, impossible de ne pas augmenter les salaires de nos chiens de garde, policiers et journalistes aux ordres. Mais vous, mais on vous emmerde ! Vous demandez de la démocratie ? Vous êtes trop cons les gueux, on ne peut pas laisser un tel outil aux mains d’un peuple aussi abruti. Et puis, surtout, vous êtes qui ? Depuis quand on vous demande votre avis, sauf pour voter comme il faut ?

Pourtant, on a tenté de vous être sympas : vous avez un salaire minimum et des aides sociales, nos oligarques vous offrent la télé-réalité sur un plateau, on envoie même Michel Sardou dans vos salles de province. Et parfois on part en vacances chez vous, ce qui vous permet de voir nos belles voitures. C’est pas mal du tout. Vous demandez quoi à la fin ? C’est inaudible ! Écoutez notre pédagogie, apprenez la pensée complexe, déjà ça ira mieux.

Bon, maintenant, finies les conneries : le passage libre du périphérique, l’anonymat sur internet, le droit de manifester, c’est le passé. On va faire comme en Chine, là au moins personne n’a fait de conneries dans la capitale depuis 1989, ou 1789, je sais plus. Enfin, on s’en fout, nous. Allez, restez chez vous.

Les conflits denses

Elle étouffe

par ElleAime
« Je voudrais être jardinière. Abstinente de la pensée. Je pense et je panse. Je pense et je panse mes douleurs, mes rages, mes tristesses et mes désillusions. Je panse et j’essuie les larmes qui coulent sans prévenir. Je panse les plaies de ma peau meurtrie aux épines de la vie. Je panse mes douleurs intérieures. Et plus je pense, plus je dois panser. Je panse donc j’essuie et je recommence. Je continue de penser et je suis. Je suis le cours de cette vie sans y trouver de sens. Je voudrais dire que je suis abstinente mais cette force intérieure qui m’habite me pousse à penser. Parfois j’arrête, quelque temps, je suis presque fière ! Je ne suis plus et ça me va... Et puis ça revient, tout doucement, insidieusement... Et si ? Oui mais ? Pourquoi ? Comment ? Et donc ?
Chuuut... Je ne veux plus me panser, je ne veux plus de pensées, ne poussez pas. Silence... Je voudrais être comme ces gens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur allée bien désherbée. Mon allée à moi elle pense par elle-même, dans tous les sens, incontrôlable. Impossible à suivre sans trébucher. Les mauvaises herbes ont soulevé les pavés, le chemin ne se suit plus il se devine, il se ressent, à demi-mot. Ceux qui l’empruntent s’y perdent rapidement et moi-même je ne sais plus quoi en penser, j’arrose de mes larmes et de mon sang, j’entretiens le chaos. Il faudrait le tailler, l’élaguer, le dessiner selon un tracé préétabli, le désherber et le nettoyer. Un pansage en ordre serré ! Mais je pense… Et les mauvaises herbes continuent de s’épanouir, de soulever la dalle, de redessiner les contours, véritables sables mouvants. Et ça pousse, ça pousse en sourdine... Et parfois, parfois... Une fleur... Une fleur sauvage, si belle, délicate comme une pensée. Elle égaye, elle attire, elle colore. Le prix à payer pour avoir essuyé et pansé. Abstinente des fleurs je voudrais être. Ou pas... Peut-être... Pourquoi pas ? Jardinière abstinente, panseuse éternelle ou suiveuse d’allées bien pensées ? Donnez-moi un coup de pelle ! »

Passé Composé

y a 50 ans