Dénoncé par un certain Daniel, je reçois Jean-Paul Stercq à la permanence Antirouille. Il fait beau, tout va bien.
Clown et photographe, Jean-Paul Stercq quitte sa Belgique natale en 1976, pour vivre avec son épouse française à Neuilly-sur-Seine. Après une carrière photographique (dont je ferai l’éloge un peu plus loin) marquée par une œuvre orientée vers les portraits de célébrités, il rallie Granville en 2015, toujours pour raisons familiales, mais aussi pour quitter Paris un peu trop pollué et aussi une clientèle vieillissante.
« A un moment donné, je me suis dit : autant aller dans un endroit où l’on peut respirer. Dès mon arrivée, Fabien Lefebvre m’a ouvert les portes de sa galerie, Le Bazar, pour une expo sur Charlie "avant", une série de photos de 2008 des grandes figures de Charlie. Puis d’autres expos ont suivi. La prochaine, l’Œil Ouvert, se tiendra fin septembre avec le photo-club granvillais.
Jean-Paul Stercq a aussi un projet pour 2019, avec la médiathèque : une expo de "Boîtes de jazz" et de "Boust", en collaboration avec le peintre Richard Brechet et le poète Werner Lambersy. Sous une présentation originale où la formule "boîte de jazz" trouve tout son sens, on peut découvrir des œuvres de ces trois artistes réunis.
Une fois n’est pas coutume, je vais donc vous parler de son œuvre.
D’après Charles Baudelaire, la condition première de l’art est de s’affranchir de la nature, et c’est pour cela qu’il voue au diable la photographie qui est, pour lui, une invention barbare. Que n’a-t-il pas connu Jean-Paul Stercq ! Ses portraits auraient, je pense, réconcilié Baudelaire avec la photographie, en cela que non seulement la nature ne s’y reconnaîtrait pas, mais en plus le lecteur de ses clichés doit y démêler la poésie du graphisme intimement liée à la personnalité du photographié.
Les clowns sont les poètes des spectacles pour les enfants, grands ou petits, alors est- ce le clown en Jean-Paul Stercq qui fixe sur le négatif l’instant de candeur de la célébrité, pour ensuite le développer en une ode anacréontique photographique sur le papier ?
Et que dire de ses nus ? Féminins à l’extrême, ils sont le résultat abouti sans la matière de base ! Seuls l’illusion du lecteur et le talent du photographe donnent de l’érotisme à ces triangles de vie, simples cartons collés dans un angle de murs. C’est de l’ascétisme pur et simple.
Des nus habillés de poésie, de cette poésie inhérente à la globalité de l’œuvre de Jean- Paul Stercq, que Granville se félicite d’avoir accueilli dans ses murs et Antirouille dans ses pages.
Pour approcher Jean-Paul Stercq et pour le suivre :
Jean Solperc sur facebook Pour découvrir son travail :
Avec la sortie de ce numéro, une mini- exposition de photographies de Jean-Paul Stercq se tiendra à la permanence Antirouille, Impasse du Marais à Granville. Renseignements au 06.98.86.49.35.