Nathalie Mei et Malgosia Fromenty

Nathalie Mei et Malgosia Fromenty

Nathalie Mei et Malgosia Fromenty

Nathalie Mei et Malgosia Fromenty

Nathalie Mei, brodeuse de son art, est venue butiner, ce jour de fête à Macron, à la nouvelle permanence Antirouille, impasse du Marais à Granville. Elle s’est posée sur une chaise, gracieusement offerte par nous­même à la discrétion des passants de passage sur la terrasse de notre récent lieu de partage et de connaissance, et c’est ce que l’on a fait (connaissance).
« Je suis granvillaise depuis 6 ans ; Granville parce que je n’y avais aucune attache et que je m’y suis sentie totalement libre. Pas de frère, pas de sœur, de cousin, de cousine, de tante et autres liens familiaux. Quand j’ai voulu quitter Paris, une amie m’a conseillé cette ville, je lui ai répondu : Granville, c’est quoi Granville ? »
Au risque de me répéter, Nathalie est brodeuse, et son thème actuel est les abeilles, ces petites bêtes en voie de disparition pour cause de lobbying européen surpuissant (quand on sait que la Belgique n’a pas voté contre les néonicotinoïdes !!!). Elle et son amie Malgosia Fromenty, photographe pour le coup animalière, présentent leur travail au Manoir de Saussey jusqu’au 30 juin. Mais je brûle les étapes...
« Je connais Malgosia (NDLR : origine polonaise, était en France pendant le coup d’état de 1981 dans son pays, d’où ses amis lui ont conseillé de ne pas rentrer, ce qu’elle a fait) depuis environ 10 ans, qui, elle, est tombée amoureuse de Granville. Depuis 4 ans, on travaille sur les abeilles, elle photographie, je brode, ON EST des abeilles, on s’installe partout, et donc pour l’heure (et le mois de juin), au Manoir de Saussey, avec des créations qui évoquent les essaims de nos amies les abeilles. »
Elles n’ont pas que l’homme comme ennemi, car elles ont aussi, depuis 2004, le frelon asiatique. Mais bon, c’est également à cause de l’homme s’il est arrivé chez nous. Et elles ont des amis heureusement : Pollinis entre autres, une association européenne qui les protège à travers une lutte contre le tout­pesticide.
Alors voilà, je suis déjà à 2000 caractères et je voudrais passer le texte de Nathalie pour leur expo, parce que je le trouve vraiment très beau. Donc, place à l’artiste !
Pour contacter Nathalie Mei : 06.86.17.32.07, Malgosia Fromenty : 06.74.00.52.88.
Nathalie Mei et Malgosia Fromenty
Nathalie Mei et Malgosia Fromenty
Nathalie Mei et Malgosia Fromenty
Nathalie Mei et Malgosia Fromenty

Essaims Utopiques

Exposition de photographie et de broderies au Manoir de Saussey.
Malgosia Fromenty et Natalie Mei.

Un murmure, une mélodie, le cri d'un tonnerre lointain. Au signal donné, l'abeille enchantée dérive avec un millier de ses compagnes invitées à un vol nuptial.

L'essaim, formé dans une lumière transparente, prend les quatre­vingt­six couleurs de jaune, les vingt­quatre notes atonales et autres bruissements invisibles. Il danse sur des cercles, sur des huit enlacés, guidé par l'antique roi ou la reine sur le déclin, pour aller se nicher au creux du tronc fendu du vieil arbre.
Là, mobile, l'abeille noire ensauvagée crache, transpire, suinte, sécrète des filaments ténus, crée, seule, la paroi circulaire de sa cellule. Sous l'effet d'une pression extérieure, de la périphérie au centre, le mur lisse de son puits protecteur se fend en six segments continus égaux, six angles s'harmonisent, forment une alvéole hexagonale parfaite.
De ce nouvel espace restreint, l'abeille photographe s'envole libre. Unique et multiple, donne­t­elle l'illusion de fuir un monde ordonné, quand elle s'ébroue, se gave, hume, récolte, disperse, pour revenir les soies couvertes de grains de pollen affolés, l'abdomen luisant de propolis, la pompe ivre de nectars volés aux calices d'innombrables fleurs à fruits ou autres créations odorantes ?
Précise, quant à elle, l'abeille brodeuse improvise sur des règles anciennes, dans son va­ et­vient au service du visible, dans des échappées belles et de belles échappées, nous entraîne à bifurquer notre regard, du dedans des espaces hexagonaux minuscules d'une société ambiguë, mouvante, résistante, au dehors, aux confins du réel et de l'irréel.

Quand, en effroi, toutes deux nous signalent, si nous y prenons garde, le passage de la malemort, empruntons les voies ouvertes vers quelque refuge de pensée active, vers quelque nouvelle Arche de Noé.