Un homme est mangé par un calamar.
Ses jambes sont immobiles et raides parmi les tentacules mous et onduleux.
Une main invisible a ouvert la fermeture Éclair qui se trouve sur la tête de l'animal. Celle de l'homme apparaît dans l'échancrure. Va‐t‐il traverser ce mollusque gourmand de la classe des céphalopodes Mystère...
"Je m'inspire d'expériences vécues, de l'actualité, de ma vie personnelle" m'informe Denis Dubois en me montrant ses sérigraphies, toutes plus surréalistes les unes que les autres, claquantes, interpellantes, et pleines d'humour.
Comme ses collages virtuels, c'est dingue et réjouissant. Un vrai miel pour les abeilles de curiosité qui peuplent nos esprits. Hashtag quelle drogue prends‐tu pour avoir de telles hallucinations ? # à ton avis Lecteur ?
Réponse de DD : "Aucune".

Et j'ai une vie normale" me précise Denis ! C'est ça la force de l'esprit. Dommage, j'aurais tout de même bien aimé savoir où il avait pu croiser le chien à disque l'autruche tourne-disque ou l'autruche mécanique que j'avais vus sur le site internet de son agent Illustrissimo. Mais chez lui, au dernier étage d'un immeuble granvillais, il n'y a qu'une chatte écaille de tortue et tout semble effectivement normal. Exception faite de l'artiste en face de moi, son travail, et un curieux miroir de sorcière à l'arrière.
"Je travaille à partir de gravures nciennes. Du XIXème. Je repère des éléments qui me plaisent, je les numérise et recrée un monde ; avec un fond vieux papier qui les laisse dans leur jus tout en ayant un discours contemporain."

Ton plus grand rêve ? J'aimerais vivre de ce que je fais. Il y a beaucoup d'illustrateurs sur la place. Ce n'est pas un monde où il y a des requins, mais il y a énormément de talents et beaucoup de gens très très forts (Dont il fait partie !). Mon souhait le plus cher serait de faire la couverture du New York Times ! " On le lui souhaite. Une image vaut mille mots. A quoi bon continuer d'écrire. Regardez donc sur le site, en tapant Denis Dubois sur Internet

Où trouves‐tu tes gravures ?
Il me désigne alors deux bibliothèques r.e.m.p.l.i.e.s (!) de vieux ouvrages aux reliures sentant le vécu. "Et encore, ça ce n'est rien, il y en a partout dans la piaule et dans les placards !" Manufrance (catalogue de la manufacture d'armes et de cycles), La Semaine des Familles, des catalogues d'ustensiles, de chasse, des bouquins de médecine sont ses références de prédilection, trouvées en fouillant les greniers ou en chinant chez Ludo à la broc de Granville.
Là‐dessus il sort le livre d'un auteur estonien Andrus Kivirähk dont il me recommande la lecture de l'homme qui savait la langue des serpents, et me parle du magazine belge 24h01 avec lequel il a collaboré sur la thématique Homo Detritus. "Je crée aussi sans commande, mais la commande est un moteur de challenge", ça ne tombe pas dans l'oreille d'une sourde, et le voilà parti pour nous créer la couverture d'Antirouille à partir de l'édito... ! Merci Denis

"Je ne veux pas que mon image laisse indifférent. Au début mes images étaient choquantes c'était une sorte de cri, alors qu'aujourd'hui elles sont plus poétiques." Denis m'explique qu'il expérimente la sérigraphie depuis 1 an, afin de pratiquer un art plus artisanal, le faire avec les mains, toujours dans le même esprit surréaliste, réalisant des oeuvres qu'il souhaite céder à des prix abordables afin que l'art soit accessible.

Expo au Château de Ducey : du 14 mai au 31 juillet 2018. Vernissage le 1er juin à 17h. DenisDubois,Illustrateur collagiste. Martine Le Cornec, artiste. Serge Lepetit, photographe.